2023

Exposition Galerie  EAG à Bruxelles 

 du 07/04/ au 30/04/2023

 

 

Exposition à Saint Aignan de Grand Lieu

du 28/09/ au 19/10/2023

 

LE GRAND TOUT SEC

 

Il est passé comme passe un troupeau d’oies, puis à ma hauteur s’est aperçus de ma présence  il s’est senti gêné, à fait demi-tour, est revenu vers les statues posées sur les chaises sans vraiment les regarder.Quand il s’est penché j’ai eu peur pour mes pièces j’étais persuadé qu’il allait se casser en deux !Pour le croquer, Je n’ai pas eu a forcer beaucoup car son corps était comme une corde à laquelle on aurai mis des nœuds à la place des épaules et des hanches ; et enfin tout en haut une grande tête plate et longue comme un concombre coupe en deux .Apres s’être redressé sans se cassé, il est reparti comme il est arrivé au pas de l’oie sans que rien ne semble pouvoir l’atteindre.

 

“Drôle de visite. ”

 

Elles sont arrivées comme des ombres et se sont glissées au travers des pièces sans bruit

Une jeune femme d’une assurance troublante s’est présentée pour me demander s’il était possible de toucher les sculptures “ ma fille a un problème de vue ”

en effet en retrait se tenait une jeune fille fragile et immobile.

“ bien sur ” ai- je répondu .

Je me suis levé et je suis allé l’ accompagner jusqu’aux pièces les plus prés

Aidée par sa maman pour trouver le point de départ elle frôlait les pièces, les caressait, les soupesait, puis sagement elle attendait qu’on lui enlève des mains.

Au travers de son attitude et de ce regard qui pourtant n’aurait pas du exister on pouvait sentir la façon dont elle découvrait les pièces.

D’abord ce premier contact doux, rugueux ou lisse, peut être froid ou chaud ensuite la globalité de la pièce les volumes, les grandes courbes.

Quel drôle d’impression que de voir mes pièces crées de mes propres main, découvertes par d’autres

Le visage de la jeune fille est doux et serein et chose étonnante mais d’une logique implacable il ne se détourne pas quand je le scrute , comme a chaque fois.

Quand je découvre une personne, il m’est impossible de contrôler ce besoin de chercher les défauts de symétrie, le trait de la bouche, l’amande des yeux, la forme du front, chaque détails qui font un visage, ici il est serein et, certainement pas troublé par mon regard .

Quand elles se sont éloignées après de francs remerciements ce sentiment de pas en avoir fait ou dit assez, m’a envahi je sens encore ce goût amer d’être passé à coté d’une chose importante. J’aurai voulu arrêter le temps et continuer cette rencontre encore et encore ………

 

 

Quel bonheur


  d’apercevoir cette fluette et élégante grand mère qui avance doucement

dans les allées,rigide comme une tortue filiforme.

A intervals réguliers elle bascule sa tête de droite et de gauche pour embraser du regard tout ce qui l’entoure.

En effet son fils (très certainement ) la pousse sans lui laisser d’autres alternatives que celle d’avancer

Ce n’est pas deux mais trois appendices, raides comme du bois sec, qui font office de jambes

On ne sait plus qui de la canne ou des jambes est le plus rigide .

Avant de s’éloigner doucement je jette un coup d’œil sur son visage pour m’imprégner de ses traits , elle m’avait surpris dans mon ouvrage et avait bien compris ce que mes yeux et mes mains étaient en train de voler.

Son visage s’est illuminé et a retrouvé toute sa jeunesse .

Le monde autour de nous n’a rien vu ni rien compris mais son sourire n’est pas prêt de s’effacer

 

La petiote

 

La petiote est là juste à coté de moi, elle virevolte sourit aux anges et n’arrête pas de montrer qu’elle peut être utile.

Cependant elle regarde autour d’elle sans rien voir, elle accompagne la jeune femme qui peint à coté de moi.

Elle est assignée d’une mission divine « aider l’artiste et veiller à ce que rien ne lui manque ».

Son corps est comme sa mission sans faille.

Il me semble impossible de vaincre cette forme.

Je sens que mes doigts vont rebondir sur la terre.

Seule cette blouse un peu trop longue qui flotte dans le vent donne un peu de légèreté à cette masse.

Je cherche encore ce cou qui tient cette toute petite tête si ronde et si rayonnante de vie.

Les tracas compliqués de la vie et les tourments de l’esprit lui sont bien étrangers.

La dimension dans laquelle nous nageons lui est inconnue.

 

Jérôme

 

 Un drôle de mec ! son père était un grand peintre naïf sur Paris.

Il est resté un    e demie heure avec moi alors que personne ne passait.

Il m’a tranquillement raconté sa vie ou plutôt « les coups pleins la gueule, dormir sous les ponts à Paris bref toucher le fond ».

Il n’en voulait plus. Plus jamais de galères, plus de ces boulots où on te prend pour de la merde.

Un bonhomme sous tranxéne qui pourtant parle de la vie avec drôlement de lucidité.

Alors que je remballais mes affaires, il est venu me voir avec son carton de dessins « ses dessins » et un article de journal qui parlait de son père.

Là encore il n’y a plus personne sauf nous, il est vingt heures et là j’ai vraiment envie de me barrer.

 

 

 

  "L’homme au sac à dos écrasé ”

 Ses bras étaient croisés sur son ventre comme si son nombril était un trésor

J’avais l’impression qu’on lui avait soudé les bras, tout le temps de sa traversée il n’a pas desserré l’étau de ses deux énormes pinces

Les œuvres je crois qu’il s’en fout ! il est là comme on marche au bord de la mer

C’est bon, c'est vivifiant et ce soleil comme ça fait du bien

Quand il a disparu au bout de l’allée j’avais bien vu sa tête chauve  sur laquelle il m’avait semblé apercevoir des cheveux ?

je n’avais aucune idée de leurs volumes

Brave monsieur quand il est repassé  en sens inverse j’ai sauté sur sa forme et j’ai pu lui coller des cheveux  qu’il porte comme une casquette à l’envers